La transmission intergenerationelle du trauma [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Florence Calicis, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait du livre numérique]
Introduction à la transmission des traumatismes et des secrets de famille
Florence Calicis, psychothérapeute systémicienne, partage son expérience sur la transmission des traumatismes et l'impact des secrets de famille dans un cadre thérapeutique. Selon elle, ces traumatismes non-dits peuvent être plus dommageables pour les membres d’une famille que ceux qui sont explicitement évoqués. En tant que thérapeute, elle explique que sa pratique se concentre sur l'exploration de la souffrance des patients dans leur contexte d'appartenance actuel et passé, en mettant en évidence les interactions familiales et les événements ayant affecté l’histoire familiale.
Le rôle de la famille dans le processus thérapeutique
Calicis souligne l'importance d'intégrer la famille dans le processus thérapeutique, même lorsque le patient principal est un individu. Elle affirme que la famille peut jouer un rôle essentiel non seulement en tant que source de soutien, mais aussi en tant que vecteur de changement. Par exemple, lors de thérapies avec des adolescents, elle collabore avec les parents, même si la demande initiale de thérapie vient de ces derniers. Elle insiste sur l'importance d’une approche systémique qui prenne en compte toutes les ressources et informations disponibles au sein du système familial.
Les secrets de famille : définition et implications
Pour Calicis, les secrets de famille vont au-delà des non-dits, car ils impliquent une intention consciente de dissimuler certaines informations importantes à certains membres de la famille. Ces informations cachées, souvent chargées d’émotions perturbantes, peuvent avoir des répercussions sur la santé mentale des générations suivantes. Elle différencie cependant ces secrets des « bons secrets », tels que le jardin secret, qui contribuent au développement de l’identité personnelle et à la délimitation de l’intimité.
L'importance du jardin secret
Calicis évoque le jardin secret comme un espace personnel et structurant, permettant à l’individu de se forger une identité distincte. Elle cite l'exemple de Mélodie, une adolescente qui consigne ses expériences personnelles dans son journal intime, ce qui l’aide à créer une zone de liberté psychique. Selon Calicis, ce type de secret est bénéfique, car il offre un espace de réflexion et de créativité, essentiel pour la santé mentale. Elle insiste également sur le besoin de préserver cet espace intime à l'ère des réseaux sociaux, où l'intimité est souvent compromise.
Différents types de secrets de famille
Enfin, Calicis introduit une classification des secrets de famille en trois catégories, en mettant l'accent sur ceux qui ont un effet corrosif sur les générations futures. Ces secrets pèsent lourdement sur la dynamique familiale et risquent de compromettre le bien-être des enfants et petits-enfants, en contribuant à la transmission intergénérationnelle de la souffrance et des traumatismes.
Ce sont ces aspects des secrets de famille et de leur transmission qui font l'objet de la formation, avec pour objectif de mieux comprendre leur impact et d'accompagner les familles dans la résolution de ces problématiques.
Les trois catégories de secrets de famille selon Florence Calicis
Dans sa présentation, Florence Calicis distingue trois types de secrets de famille, chacun ayant des implications différentes sur la dynamique familiale et le bien-être psychologique des membres de la famille.
1. Les secrets sur les événements passés
La première catégorie concerne les secrets portant sur des événements du passé familial, avant la naissance des enfants. Calicis explique que ces secrets peuvent toucher divers aspects de l'histoire des parents, des grands-parents ou même des arrière-grands-parents. Il peut s'agir de traumatismes tels que des abus physiques ou sexuels, des questions d'orientation sexuelle, des relations extraconjugales, ou encore des délits graves impliquant une incarcération. Ce type de secret, souvent caché aux enfants, peut néanmoins avoir des répercussions transgénérationnelles, influençant indirectement les comportements et les émotions des descendants.
2. Les secrets sur les événements actuels
La deuxième catégorie de secrets est liée aux événements actuels que vivent les parents, mais qu'ils cachent aux enfants. Ces secrets sont souvent gardés dans l'enceinte de la famille nucléaire. Florence Calicis donne l'exemple de maladies psychiatriques, d'avortements, ou de problèmes juridiques dissimulés aux enfants. Ces informations peuvent être gardées secrètes pour protéger les enfants, mais elles influencent néanmoins l'ambiance familiale et le ressenti des enfants, qui perçoivent parfois un « éléphant dans la pièce » sans qu'on leur en donne l'explication.
3. Les secrets sur les origines des enfants
Enfin, la troisième catégorie concerne les secrets liés aux origines des enfants, par exemple l’adoption, la procréation médicalement assistée, ou encore des naissances résultant de liaisons extraconjugales. Florence Calicis note que, bien que certaines pratiques soient moins taboues aujourd'hui (comme le divorce ou l'homosexualité), de nouveaux secrets émergent, notamment avec l’évolution des méthodes de conception. Elle souligne l'importance pour les parents de ne pas dissimuler ces informations, car cela peut avoir des effets durables sur l'identité et le bien-être de leurs enfants.
La transmission intergénérationnelle des traumatismes
Calicis insiste sur l'impact des secrets et des traumatismes non résolus au sein des familles. Elle cite un thérapeute systémicien, Ivan Osormeninov, pour rappeler que les thérapeutes ont une responsabilité éthique vis-à-vis des générations futures. Cette perspective impose de considérer l’impact que ces secrets et traumatismes familiaux peuvent avoir sur les descendants.
Selon Calicis, l'impact d'un traumatisme peut être exacerbé s'il est dissimulé ou non-dit, créant une atmosphère lourde et oppressante que l’on pourrait comparer à un «éléphant dans la pièce». Elle évoque ici le concept des traumatismes que les enfants ou petits-enfants peuvent porter inconsciemment, et cette idée que les générations suivantes sont parfois condamnées à répéter ou à réparer les traumatismes de leurs prédécesseurs.
Cas clinique de Nicolas : l’impact des traumatismes transgénérationnels
Florence Calicis partage ensuite l'exemple d'un patient, Nicolas, pour illustrer l'impact des traumatismes transgénérationnels. Nicolas, professeur dans un collège, vient la consulter pour des troubles anxieux. À la suite d'une agression survenue lors d'une réunion avec les parents d'élèves, il développe des symptômes de stress post-traumatique.
Calicis note que Nicolas ne présente pas d'antécédents personnels marquants de troubles de l'attachement ou de traumatismes significatifs dans son enfance. Pourtant, sa réaction post-traumatique est particulièrement sévère. Elle se demande si ce traumatisme récent pourrait être amplifié par un fardeau émotionnel plus ancien, hérité de ses ascendants, soulignant ainsi l'importance pour les thérapeutes de prendre en compte la dimension transgénérationnelle dans le travail clinique.
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