Personnalités et structures psychiques psychodynamiques [À lire]
Synthèse détaillée de la formation de Nicolas Sajus, psychologue, disponible sur le site web de formationspsy (H4 Éditions, partenaire de : Éducation & Famille - Université de Mons)
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[Extrait du livre numérique]
La complexité de la personnalité dans un contexte de vulgarisation
Nicolas Sajus explique que la société contemporaine, dans sa tendance à simplifier les questions cliniques et psychopathologiques, propose souvent une version vulgarisée de la personnalité. Cette vulgarisation rend accessible la compréhension de certains concepts à un large public, mais elle comporte aussi le risque d’une vision réductrice, notamment lorsqu'il s'agit de la clinique de la personnalité. Une approche simplifiée peut conduire à des étiquetages rigides et à une vision enfermante des individus, en limitant la complexité des processus psychiques et en imposant des catégories figées.
Un retour historique sur le concept de personnalité
Sajus présente ainsi une analyse historique et théorique du concept de personnalité. D’un point de vue étymologique, le terme "personnalité" trouve ses racines dans le mot latin persona, qui renvoie aux masques portés par les comédiens dans l’Antiquité. Ces masques, qui servaient de médiateurs entre l'acteur et le public, symbolisaient déjà un rôle figé, que le public pouvait facilement interpréter. Ce principe de rôle figé a perduré dans la Commedia dell'Arte en Italie, où chaque masque représentait un personnage stéréotypé.
Dans l’Antiquité, Hippocrate, en 477 avant J.-C., commence à explorer la notion de personnalité par l’intermédiaire des humeurs corporelles, associant des comportements humains aux différentes compositions du sang, de la bile et du phlegme. Cette vision est ensuite développée par Galien au IIe siècle après J.-C., qui établit un lien entre les flux sanguins et les types de personnalité. La personnalité était alors perçue comme fortement influencée par les astres, et la phrénologie, une théorie de la localisation des traits de caractère dans le crâne, venait compléter cette vision.
La personnalité : un ensemble de caractéristiques stables et évolutives
Selon Sajus, la personnalité se définit comme un ensemble relativement stable de caractéristiques affectives, émotionnelles et comportementales. Elle se manifeste par la manière d'interagir avec l'environnement, avec les autres et avec soi-même. Toutefois, cette stabilité est relative, car la personnalité peut évoluer en fonction de divers facteurs. Ces facteurs incluent l'hérédité, l'influence familiale, le contexte social et culturel, ainsi que les expériences de vie marquantes, telles que les traumatismes et les réussites personnelles. En ce sens, la personnalité se construit sur une base complexe et multidimensionnelle.
L'importance d'une approche multidisciplinaire de la personnalité
Sajus met en évidence la nécessité d'explorer les mécanismes et symptômes psychopathologiques associés à la personnalité, en utilisant des perspectives neurobiologiques, psychologiques et systémiques. Cela permet de distinguer deux concepts essentiels : les traits de personnalité, qui définissent le caractère d’une personne, et la structure de personnalité, qui se rapporte à l’organisation sous-jacente plus profonde. Les professionnels, tels que les psychiatres, pédopsychiatres et psychologues cliniciens, doivent saisir cette distinction pour mieux comprendre et accompagner leurs patients.
Divergences entre classifications psychiatriques et psychanalytiques
Enfin, Nicolas Sajus souligne l'existence de divergences méthodologiques et théoriques entre les classifications psychiatriques contemporaines, telles que le DSM-5 et la CIM-10, et les approches plus traditionnelles, inspirées de la psychanalyse. Les classifications modernes s’appuient sur des critères quantifiables pour diagnostiquer des troubles spécifiques, alors que la psychanalyse privilégie une compréhension plus qualitative des structures psychiques. Cette divergence reflète la complexité de l’être humain, dont la personnalité intègre à la fois des dimensions neurologiques et des conflits intra-psychiques.
La structure de la personnalité en psychanalyse
Nicolas Sajus explique que la structure de la personnalité, en psychanalyse, représente la nature fondamentale du rapport qu’un individu entretient avec le monde. Cette structure, qu'il compare à un vase que chacun possède, peut évoluer de manière normale ou pathologique. Dans cette structure, on trouve le caractère, qui est l’expression comportementale de la structure même du sujet. À l’intérieur du caractère se trouvent les traits de caractère, qui sont des comportements variés et peuvent appartenir à d’autres structures. Sajus souligne qu’aucune structure n'est pure ; il est plus juste de parler de structures mixtes, un concept exploré notamment par Jean Bergeret, qui considère que les individus aménagent des traits de caractère à travers leur personnalité.
La clinique de la personnalité : angoisse, relation à l'objet, et mécanismes de défense
Pour distinguer les structures de personnalité sur le plan clinique, Sajus identifie des critères clés : l'angoisse, la relation à l’objet, les mécanismes de défense et le mode d’expression du symptôme. L’angoisse est un élément commun aux différentes structures psychiques, mais elle se manifeste différemment selon les cas. La relation à l’objet concerne l’interaction d’un sujet avec son environnement et les autres. Les mécanismes de défense, quant à eux, sont des stratégies inconscientes utilisées par le sujet pour gérer ses conflits internes.
La fonction du symptôme en psychanalyse
Sajus précise que, dans l’approche médicale, l’objectif est souvent de supprimer le symptôme. En psychanalyse, au contraire, il est important de comprendre la fonction du symptôme, car une élimination trop rapide peut masquer des enjeux sous-jacents. Freud avait déjà observé que les symptômes peuvent se déplacer, réapparaissant sous une autre forme à un moment différent. Cette approche montre l’importance de ne pas se focaliser uniquement sur la disparition des symptômes, mais plutôt de les considérer dans leur contexte psychodynamique.
Les structures de personnalité : névrose, psychose, perversion et états limites
Sajus décrit quatre grandes structures de personnalité : la névrose, la psychose, la perversion et les états limites (ou borderline). Ces structures, bien définies en clinique, ne sont pas des catégories floues ; chacune a une sémiologie spécifique. Dans le cadre des névroses, on peut distinguer des sous-types tels que les névroses hystériques, obsessionnelles, traumatiques, et d’angoisse. Chaque structure présente des caractéristiques et des mécanismes de défense particuliers qui influencent la manière dont le sujet interagit avec le monde.
La formation de la personnalité : entre facteurs endogènes et exogènes
Sajus rappelle que la formation de la personnalité commence dès la vie intra-utérine et se poursuit jusqu’à la mort. Elle résulte de l’interaction entre des facteurs endogènes, comme la constitution biologique du sujet, et des facteurs exogènes, tels que les influences sociales et environnementales. En dépit de l'existence de structures de personnalité relativement stables, il est important de reconnaître que certains traits peuvent évoluer, ce qui offre des perspectives d’intervention psychothérapeutique et évite tout déterminisme.
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